Lors de la création ou d’une augmentation de capital d’une société, les associés peuvent réaliser des apports en numéraire (argent) ou des apports en nature (biens matériels ou immatériels). L’apport en nature, qu’il s’agisse d’un immeuble, d’un fonds de commerce, de machines ou de brevets, nécessite une évaluation rigoureuse. C’est à ce stade qu’intervient le commissaire aux apports, un professionnel dont le rôle est d’assurer l’équité et la transparence de cette opération.
Rôle du commissaire aux apports
Le commissaire aux apports est un expert indépendant, généralement choisi parmi les commissaires aux comptes. Sa fonction première est de garantir l’objectivité de l’évaluation des biens apportés en nature au capital d’une société. Il agit dans l’intérêt de tous les associés et des tiers, veillant à ce que la valeur attribuée aux apports corresponde à leur valeur réelle.
Missions concrètes du commissaire aux apports
- Vérification de l’évaluation : Le commissaire aux apports examine l’évaluation proposée pour chaque bien apporté. Il s’assure que celle-ci est juste et pertinente, en utilisant des méthodes d’évaluation adaptées à la nature de l’actif. Son objectif est d’éviter toute surévaluation qui pourrait léser les futurs créanciers de la société ou les autres associés.
- Description des apports : Il décrit précisément la nature de chaque apport, sa consistance et, le cas échéant, les modalités de sa mise à disposition de la société. Cette description détaillée figure dans son rapport.
- Examen des garanties : Le professionnel vérifie également que les apports sont libres de toute charge ou nantissement non déclaré. Il s’assure de l’existence et de la propriété des biens apportés.
- Rédaction du rapport : À l’issue de ses vérifications, le commissaire aux apports rédige un rapport circonstancié. Ce document, qui doit être annexé aux statuts de la société, contient son évaluation des apports et ses conclusions. Les associés fondateurs se prononcent ensuite sur l’approbation de cette valeur.
Obligation de désigner un commissaire aux apports dans une société civile
Contrairement aux sociétés commerciales (SAS, SARL, SA) pour lesquelles la désignation d’un commissaire aux apports est généralement une obligation légale dès qu’il y a un apport en nature, la situation est différente pour les sociétés civiles.
La loi ne prévoit pas d’obligation légale de désigner un commissaire aux apports pour les apports en nature réalisés dans une société civile (SC, SCM, SCP, SCI, etc.). Cette particularité s’explique par la nature de ces sociétés, souvent à caractère patrimonial ou professionnel, où la protection des tiers est moins encadrée par le droit des sociétés que pour les entités commerciales. Les associés d’une société civile répondent indéfiniment des dettes sociales, ce qui réduit en théorie le risque pour les créanciers en cas de surévaluation des apports.
Néanmoins, même en l’absence d’obligation légale, les associés d’une société civile peuvent décider volontairement de désigner un commissaire aux apports. Cette décision peut être motivée par la volonté de sécuriser l’opération ou être prévue par les statuts de la société.
Intérêt de la désignation d’un commissaire aux apports même sans obligation
Bien que non contrainte par la loi, la nomination d’un commissaire aux apports dans une société civile présente plusieurs avantages concrets :
- Sécurisation de l’évaluation : L’avis d’un professionnel indépendant confère une crédibilité à l’évaluation des apports en nature. Cela limite les risques de contestation ultérieure sur la valeur des biens, tant de la part des associés que de tiers.
- Protection des associés : En cas de surévaluation d’un apport, les associés non apporteurs pourraient se sentir lésés, leur participation au capital étant diluée par une valeur fictive. Le rapport du commissaire aux apports prévient ces situations et protège l’équilibre entre les parts sociales. Sans son intervention, les associés apportant le bien sont solidairement tenus pendant cinq ans à l’égard des tiers de la valeur qu’ils ont attribuée à l’apport. Le rapport du commissaire aux apports les libère de cette solidarité.
- Clarté et transparence : L’intervention d’un expert apporte de la transparence à l’opération et permet de fonder les décisions des associés sur des bases solides et vérifiées. Cela peut être particulièrement utile dans les sociétés comportant de nombreux associés ou des apports de natures diverses.
- Prévention des conflits : Les désaccords sur la valeur des apports sont une source fréquente de tensions entre associés. Le jugement objectif d’un commissaire aux apports aide à éviter ces litiges dès la constitution de la société ou lors d’une augmentation de capital.


